Fanny, l'artiste et la femme entre quatre yeux

Publié le 21 Mai 2014

Les yeux occupent une place prépondérante dans l'oeuvre de Fanny : ils sont immenses, à la limite de la disproportion. Quand je lui demande le pourquoi de ces grands yeux, elle semble étonnée de ma question et me répond dans un rire :

"ma mère te dirait que c'est ma marque de fabrique. Je suis née dans un souffle, sans un cri, les yeux écarquillés. Bébé, je ne pleurais pas et ne dormais presque jamais. Je pouvais rester ainsi des heures dans mon berceau, silencieuse et les yeux grand-ouverts".

Et Fanny est restée la même : douce, pudique, observatrice, habitée.

Hantée parfois ; ces nuits sont encore souvent blanches à l'inverse de ces tableaux qui débordent de couleurs.

Fanny est une presque voisine : nous habitons à quelques centaines de mètres l'une de l'autre. Beaucoup de connaissances communes aussi. Et malgré tout, nous ne nous sommes rencontrées que récemment.

A ma grande joie. Car Fanny est un de ces êtres hors du commun qui ont le don d'embellir la vie, le temps passé en leur présence et l'espace qu'ils occupent.

C'est une jeune femme gracile à l'air mutin, qui porte la coupe garçonne et s'affiche sans fard tout en dégageant une grande féminité.

Et dotée d'un grand sens de l'hospitalité et du partage ; je la convaincs donc facilement de nous parler un peu d'elle. Elle m'accueille avec ses pinceaux et répond à mes questions tout en continuant à travailler sur des tableaux en cours.

Carole : Bonjour Fanny ! Tu me permets de faire le tour de ton appartement et de prendre quelques photographies de ton cadre de vie et de tes créations pendant que nous co-bavardons ?

Fanny : Bien sûr, tu trouveras des peintures disséminées dans toutes les pièces ! Certaines sont récentes, d'autres datent de mon adolescence.

C. : La peinture est donc une passion de longue date ?

F. : Parfaitement, d'aussi longtemps que je me souvienne je peins, dessine, écris de la poésie. A la période de l'adolescence, la peinture a été un support de contestation contre les normes et les dictats dominants. J'ai exprimé mon esprit de contradiction à coup de mots et de pinceaux rageurs : les femmes doivent être minces, dotée d'une longue crinière et à la peau dorée, eh bien je les peins grosses chauves et vertes ! En entrant dans l'âge adulte, je me suis adoucie, mon trait et mon verbe aussi. Mais je reste toujours en marge, suspendue quelque part entre la lune et la cîme des immeubles...

(cliquez sur les images pour les agrandir)

C. : Quelle est ta conception de la vie, du travail ?

F. : Ma devise est "on peut choisir sa vie". La mienne je l'ai choisie libre : j'ai un statut d'auto-entrepreneur - animatrice culturelle auprès des MJC, collectivités locales, associations etc..., mais pas seulement. Je peins aussi, j'écris, je voyage, je vis simplement et pleinement chaque instant dans la joie et la bonne humeur.

C. : Parle nous un peu de ta carrière de slameuse...

F. : (Rires) Oui si tu veux ! Pour l'anecdote, il y a encore un an, je ne connaissais rien au slam. J'ai toujours écrit de la poésie mais jamais pratiqué le slam (le slam permet de déclamer des textes poétiques de manière libre sans contrainte). Un soir je suis allée à l'Imparfait (bar palois situé dans le quartier du Hédas) et suis tombée par hasard sur une soirée slam. Je me suis retrouvée sur la scène à réciter mes poèmes et j'ai été directement sélectionnée pour concourir à Bordeaux... Depuis je participe régulièrement à des scènes slam.

(Elle ne vous le dira pas mais Fanny est sélectionnée cette année pour le grand slam national qui se déroulera à Paris début juin - toutes les infos pour y assister ici).

(crédit photo Pau Etcie)

C. : Tu sais que mon blog traite aussi d'urbanité. En tant qu'artiste, quel est ton rapport à la ville et à l'espace urbain ?

F. : J'aborde souvent le thème de la ville dans mes peintures. Je la réinvente telle que je la voudrais, c'est-à-dire à l'opposé de celle que l'Homme a conçue et bâtie : la ville est grise, dure, faite d'angles et de lignes droites, je la redessine courbe, ondulante, bigarrée ! En outre mon travail avec les MJC et les assos m'engage souvent dans des projets qui me permettent d'occuper un espace dans la cité, d'allier mon activité d'artiste avec une sensibilisation des habitants et de créer avec eux une oeuvre pour leur quartier. J'aime l'idée de créer du "désordre" dans l'espace urbain public, d'y disséminer des poches de couleur.

C. : C'est l'instant promo ! Peux-tu nous donner tous les liens pour te contacter, trouver tes expos de peinture etc... ?

F. : Alors, dans l'ordre, j'ai un site internet (cliquez ici) une page Facebook (cliquez là) et certains de mes tableaux sont actuellement exposés dans le restaurant le Caméléon (pour vous y rendre cliquez ici)!

Un caméléon pour le Caméléon en cours de "camouflage"

Merci Fanny pour toutes ces heures heureuses en ta compagnie.

Et surtout continue de vitaliser notre cité et de régaler nos yeux !